La planète ne tourne pas rond

Invitation à l'autre bout de la planète, mais pourquoi ?

Empreinte carbone

Et voilà, on vient de recevoir une nouvelle invitation presse, exceptionnelle, en Afrique du Sud, sur le circuit de Kyalami ! Quelle invitation ! En Afrique du Sud ! Et sur un circuit exceptionnel de plus est ! Et puis, qui dit invitation exceptionnelle, dit conditions d'essais exceptionnelles également. Et on le sait, ce type d'invitation est rare. Il est loin le temps où il y avait des dizaines de journalistes dans le monde invités à une présentation de ce type. Aujourd'hui, c'est parfois une ou deux invitations par pays. Vous voyez le nombre de titres de presse et de sites web en France ? Alors, autant vous dire que quand on reçoit une nouvelle invitation de ce type, on sait qu'il n'y a pas beaucoup d'élus. Bref, le tapis rouge. Et c'est d'ailleurs cela qui fait fantasmer beaucoup de motards sur les journalistes, qui seraient des privilégiés.

Oui, une telle invitation est un privilège. Oui, ces invitations m'ont fait rêver quand j'étais gosse, m'imaginant aller à l'autre bout de la planète, dans des super conditions, essayer tout ce qui roule (et la mousse). Oui, il y a de moins en moins d'élus sur ces invitations et rares sont ceux qui sont désormais invités.

Mais est-ce nécessaire ? Est-il besoin de traverser la planète pour aller essayer une moto ou un pneu ? Sans tomber dans le discours - complot facile - de l'empreinte carbone, du climat et des calculs savants pour voir ce qu'un tel voyage va engendrer comme pollution.

Il n'est pas question de faire ici la fine bouche. De plus, si une invitation est refusée, elle sera donnée à quelqu'un d'autre. Et le succès d'un média comme le Repaire des Motards dépend aussi de sa capacité à publier des essais, des reportages, des articles qui n'ont pas été écrits ailleurs. C'est la garantie d'audience (même si l'audience ne rapporte rien de façon directe). Un média gagne plus d'argent s'il vend 10.000 numéros, parce que chaque numéro est payé par quelqu'un. Que le Repaire des Motards - parce qu'il est gratuit - fasse 1 million ou 3 millions de visiteurs par mois, ne change rien en termes de rentrées d'argent.

Mais pour en revenir à nos motos. Cela change-t-il quelque chose à un essai d'être fait sur le circuit du Mans ou celui de Kyalami ? Franchement, pas grand-chose. Pour l'essai lui-même, rien. Pour la planète beaucoup ! Et l'essayeur ? Franchement, il est fini le temps où il y avait une journée de transition ou pour visiter et grosso modo, on descend de l'avion, on fait l'essai, on repart. Donc, c'est surtout de la fatigue en plus, voire le fait d'être en moins bonne condition physique pour faire l'essai.

Dans le monde professionnel, la majorité des voyages en avion ont été remplacés par les vidéoconférences. Ce n'est pas tout à fait pareil, mais entre l'économie de temps et d'argent (même si l'efficacité est moindre), il y a un gain et encore plus pour la planète.

Pour la moto, il faut encore un essayeur et son expérience, qui ne peuvent pas être remplacés par une Intelligence Artificielle, surtout s'il n'y a aucun article existant sur le sujet.

Alors ? Et bien je répète depuis des années aux constructeurs et équipementiers que les essais en France voire en Europe (parfois pour le temps un peu meilleur pour faire de belles images) sont très bien. Que comme nous aussi, il faut faire toujours plus de choses dans un laps de temps plus court pour être moins payé et bien un essai sur deux jours, c'est mieux qu'un essai sur 5 jours.

Mais les constructeurs dépendent aussi de leurs responsables européens, qui dépendent de sièges mondiaux. En fait, la seule chose qui amène le changement, ce sont les économies à faire. Et les constructeurs ont diminué le nombre d'invitations pour faire des économies. Alors, de toute manière, c'est une réflexion déjà obsolète à l'heure où je l'écris, car ces invitations vont disparaître d'elles-mêmes et ce que j'aurai pu dire ou écrire n'y changera rien.

Comme dirait Plastic Bertrand, ça plane pour moi !

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