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Comme dans une chanson de Mark Knopfler

Si mon casque jouait de la musique, j'écouterais souvent du Mark Knopfler

Ses morceaux vont bien avec la route quand il faut aller loin

Si mon casque jouait de la musique, j'écouterais souvent du Mark Knopfler. Ses morceaux vont bien avec la route quand il faut aller loin.

Oui, je sais bien que Queen et Seppenwolf et AC/DC et Satriani et Meat Loaf et Bon Jovi et Springsteen et Lynnyrd et... tous les autres.

Comme dans une chanson de Mark Knopfler (c) photo : Elviss Railijs Bitans
Comme dans une chanson de Mark Knopfler (c) photo : Elviss Railijs Bitans

Mais Mark Knopfler.

De la voiture, j'emprunterais seulement deux composants : le régulateur de vitesse et la boîte à musique ‒tant pis si c'est encore un poste à cassette. Pour avoir le bon riff de violon au moment de franchir la rivière Platte sur l'Intersate 80 entre Lincoln et Des Moines, juste après avoir dépassé Omaha. Tu as remarqué ce roulement de caisse dans le deuxième mouvement de Speedway At Nazareth qui figure le passage des rapports sur une boîte rugueuse ? Courage : encore 1.200 miles jusqu'à Nazareth, sur ce circuit abandonné envahi par les herbes folles. Tiens ? Alice Cooper, Steppenwolf et les Beach Boys y ont joué, en juin 1972. Good Vibrations, donc.

Je n'ai pas été surpris d'apprendre qu'il est né à Glasgow, l'une des villes les plus cafardeuses d'Ecosse. Il y a toujours dans ses chansons cette pointe de mélancolie lancinante, cet accord mineur qui rappelle que les jours de pluie vont revenir, que tout s'efface. Ce qui explique les premières mesures de la version en concert de Once Upon A Time In The West, avec ce roulement de caisse claire et ce clavier réglé pour sonner presque comme une cornemuse. Pendant longtemps, j'ai pensé que le meilleur morceau pour accompagner les dernières lueurs d'un coucher de soleil mouillé avant de remonter en selle était Iron Hand. Je n'avais pas prêté attention aux paroles ; cela n'a rien à voir.

Il fait beau ? Un grand ciel bleu et rien à faire du dimanche à part un tour de bécane juste pour la route ? Ce petit frémissement d'excitation alors que j'ouvre la porte du garage, je l'assimile aux premières notes de piano d'Expresso Love. La guitare, quant à elle, annonce avec cinq ans d'avance Money For Nothing (évidemment). Alors que je traverse la ville, j'aimerais que l'instrumental d'On Every Street dure encore plus longtemps. Bien sûr, je pourrais à la place choisir Katrina & The Waves, mais... Walking On Sunshine n'est-il pas un peu trop sucré ?

Tu sais comme moi comme on peut se réjouir à l'avance d'une petite portion bien viroleuse. On se prépare à en tomber deux avant de se jeter avec gourmandise dans le premier gauche, maintenant que les pneus sont à température et le moteur bien chaud. Tu sens le petit frémissement dans le guidon ? Toi aussi tu as repéré le mouvement du poignet du pote de devant qui s'apprête à mettre du gros gaz dès qu'il peut, pensant te prendre par surprise ? Ha ha ! A qui pense-t-il avoir affaire ? Un débutant ? Pour cela, j'aime bien la partie clavier d'Industrial Desease, qui sonne comme de la pré-Brit Pop (au hasard : Pure de Lightning Seeds). Côté parole, je subodore l'influence de Bob Dylan ‒essaye Bob Dylan's 115th Dream, pour voir.

Mark Knopfler, c'est comme cette bécane à carbus : peut-être qu'elle freine moins bien, peut-être que ses suspensions frétillent un peu en courbe, mais c'est un destrier fidèle et qui ne t'a jamais laissé en rade. Mark Knopfler, c'est le type qui, trente ans après Why Worry, continue de te répéter que les choses vont s'arranger ; dans One More Matinee il murmure que ta vie va changer pour le mieux, il suffit d'un peu de temps ; qu'en regardant les photos, dans quelques années, tu pourras dire sans te tromper : This Is Us.

Trente ans, quarante ans après, il te sort au détour d'un album un morceau qui vient comme une évidence, comme une vieille chanson dont on se demande comment tu as pu l'oublier. "C'était pas sur la face B de Telegraph Road ?" demandes-tu ? Non, c'est sorti en 2018. Je l'ai aussitôt adoptée et ajoutée à ma liste de chanson pour conduire, même si la flûte vient y ajouter cette touche de tristesse dont je parlais plus haut, comme si cela devait être un testament, à la manière d'un You Want It Darker de Leonard Cohen, ou le Hurt de Johnny Cash.

Allez ! That's What It Is !

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Commentaires

Grolou75

100% d'accord... Avec du Led Zep, ou autre, tu te retrouves à 120 en ville sans t'en rendre compte. Tu mets du Knopfler dans ton casque et tu regrettes les 100 pauvres chevaux de ton ancien boxer BM, bien rocailleux mais qui te permettaient, aussi, de rouler pépère. Je n'ose même pas dire que je regrette mon Fat HD 96ci, 60cv à tout casser, pas de frein, où le plaisir de rouler doucement l'emportait sur l'idée de vitesse.

18-01-2022 09:25 
fift

Respect mon KPOK, gros respect.

La route à moto est une musique, effectivement. On a chacun ses références, ses choix, en-dehors des trop évidents Born to be wild et On the road again, selon son humeur, l'environnement, sa manière de conduire, le profil de la route et les villages traversés.

respect

18-01-2022 09:37 
Tortue Ninja

Tous ces morceaux à la limite du blues, du rock et de la country. Qu'ils viennent d'auteurs ou d'interprètes de l'une ou l'autre de ces influences, ces morceaux par Linda Rondstat (Back in the USA, ou Blue bayou), ZZtop, Reo Speedwagon voir même Van Halen (Ice cream man) me rappellent tant les longs rubans droits au milieu de déserts poussiéreux que ceux au milieu des forêts et marais de la Nouvelle Orléans (in Frèneche in ze texte), où des friches industrielles de l'Est. Mais aussi à la corniche des Cevennes par un petit matin d'été, les soirées poisseuse de brume picardes ou des petites routes des Landes jusqu'au Massif Central.

C'est là magie de cette alchimie complexe de la "bonne" musique, la "bonne" route et la "bonne" machine (même si elle peut être un petit cabriolet, un coupé rageuse ou un vieux tout-terrain), auquel nous renvoie KPOK.
Merci de m'avoir rappelé ("me" parce que j'avoue humblement ma méconnaissance en la matière) Mark Knopfler et ses morceaux intemporels.

D'autres images me reviennent. Le Trocadero a l'aube alors que je quitte pour la première fois les bras de celle qui deviendra la femme de ma vie, et que Clapton chante "Cocaïne"😍. Le blues de la "Road to Escondido" de ce même Clapton accompagné de JJ Cale d'une longue route de montagne😇. Les morceaux poignants de Roxette (Listen to your heart), Lady Antebellum (Need you now), Texas lorsque mon monde s'effondre😭. Ceux énervés d'AC/DC, The offspring, Creedance Clearwater Revival, Black Sabbath, The Cardigans pendant que je traverse l'Europe vers Elle a nettement plus de 2 fois les vitesses légales...😜

Une fois de plus, merci KPOK de nous renvoyer à cette vie que la moto (et même parfois 4... 😉).
Bien plus que les arguties entre tenants de l'électrique, des ZFE et autres détails des couleurs de la "nouvelle" ZXGSRR-machin-truc, c'est là NOS vies.
La vraie vie...

Merci.

18-01-2022 09:49 
ludo51

Mon favori sur la route , c'est J. J. Cale .......

18-01-2022 11:51 
Bee Loo

La musique de Knopfler pour le film "local hero" aussi.

18-01-2022 12:06 
Picabia

A priori je ne suis pas favorable à la présence de musique à moto, c'est mon coté rétrograde. Maintenant comme j'ai une bonne mémoire musicale et musicien, quand je roule mon jukebox interne s'enclenche aléatoirement sur une musique, en fonction de l'humeur ou de la route.
Il suffit de penser un morceau et celui ci défile tranquillement dans mon cerveau.
Et je vous assure le son est bien plus clair qu'avec la sono de la bécane.
Okay on va me prendre pour un fou mais c'est pratiquement automatique. Un peintre rêve les couleurs, je mémorise des morceaux entiers.
Pour cela je ralenti le rythme car mon attention est parfois très diminuée. C'est grave Docteur??

18-01-2022 12:20 
Picabia

En son analogique bien sûr

18-01-2022 12:21 
Aristoto

Très bonne chronique qui donne très envie de réécouter du MK ou Dire Strait... que je vais aller m'écouter rapido tranquillo... dès que je serai ds ma voiture. A moto j'ai trop de plaisir à être en osmose avec les bruits de la bécane, le vent, les odeurs, les paysages. Je ne veux surtout pas de musique même s'il m'arrive de fredonner seul ss mon casque.

V à tousles tarmo

18-01-2022 13:15 
Philippe21

Merci ça faisait longtemps que je n'avais pas réécouté Mark Knopfler, c'est super !
La musique en moto, je l'ai pratiqué à une époque, en voyage à deux, avec ma passagère favorite qui gérait les morceaux sur un walkman à cassette, ce qui nous voudra un super souvenir, l'ascension en Yam 900 XJ du Grossglokner sur Starway to Heaven, un grand moment d'images et son !clin d'oeil

Question de génération certainement je suis depuis toujours adepte de JJ-Cale créateur du style laid-back !
Mark Knopfler JJ-Cale tribute

Comme dans le cochon tout est bon dans le JJ-Cale cool, en particulier l'album "Five" une pure merveille !
Friday

18-01-2022 16:42 
Meuldor

J’ai adoré Dire Straits mais en ce moment j’ai souvent dans la tête les balades de Zaak Wilde ou de sont groupe Black Label Society. Un jeu de guitare époustouflant qui s’accommode bien au petites routes tarnaises. Merci Kpok pour ces petites madeleines…

18-01-2022 21:09 
KPOK

moi qui pensais me faire tackler du style "ici c'est pas le Repaire des Gratteux"...
vous m'étonnez toujours.

18-01-2022 21:12 
Patinfo

A l'époque du walkan, j'ai réalisé mon rêve de planer en skiant en écoutant les pink Floyd.. j'ai tellement bien plané que je me suis réveillé assis au milieu de la piste, sans me souvenir de la gamelle..
J'ai rangé le Walkman en me disant que la musique n'était pas compatible avec le ski et ne le serai pas avec la conduite en 2 roues

18-01-2022 23:39 
Manu5108

"moi qui pensais me faire tackler du style "ici c'est pas le Repaire des Gratteux"...
vous m'étonnez toujours."
Sans dec...

19-01-2022 08:39 
Tortue Ninja

=>PATINFO
Jeune pilote breveté, j'avais envisagé de monter un enchaînement de voltige aérienne sur un morceau de musique afin de rester encore plus "cadencé", le rythme servant en quelque sorte de métronome.
Mais il s'est immédiatement avéré qu'il fallait un niveau autrement meilleur que le mien pour y parvenir ! Du moins si l'on souhaite rester en vie... 😥

Sans préjuger de ton niveau de ski, peut-être y a-t-il là un élément d'explication ?

19-01-2022 08:41 
Charlie_41

Citation
Picabia
...quand je roule mon jukebox interne s'enclenche aléatoirement sur une musique, en fonction de l'humeur ou de la route.
Il suffit de penser un morceau et celui ci défile tranquillement dans mon cerveau...
Pareil, et ça peut passer de Stevie Ray Vaughan à Gojira (et lycée de Versailles) rien qu'au détour d'un virage.

19-01-2022 09:08 
fift

Charlie amateur de heavy metal, je ne m’y serais pas attendu clin d'oeil.

19-01-2022 10:17 
Waugh

Belle chronique, merci pour les liens intégrés, la nostalgie à un clic de distance.
Je m'aligne avec Picabia, j'ai trop besoin de mes oreilles pour rouler - et brailler les premiers couplets de "Running free" d'Iron Maiden (album éponyme) sur une petite route déserte la nuit, j'ai encore rien trouvé de mieux :)
Telegraph Road est parfait pour un retour de balade dans les montagnes noires, quand le tissu urbain se densifie au fur et à mesure...
Le seul souci est que souvent je n'ai en même que quelques couplets, et encore... A chaque fois je me dis qu'arrivé à la maison, je saute sur Internet pour récupérer les paroles, et à chaque fois j'oublie, la transe méditative de la route évaporée par les derniers kilomètres en ville.

Il est à noter toutefois que ce super pouvoir ordinaire de stéréo embarquée dans la tête peut se retourner contre soi, quand des bribes d'une chanson débile, sorties de nulle part, s'incrustent et perdurent pendant des bornes :)

19-01-2022 11:14 
fift

Tiens, justement, LA chanson quand on sort de la densité urbaine pour arriver sur des routes désertes :

































"Libérééééé, délivréééééé" ....

19-01-2022 12:12 
Bee Loo

Comme gratteux je suis plus John Abercrombie, Terje Rypdal, Marc Ducret, Sylvain Luc, ... mais je pense que ça ne parle pas à grand monde sur ce site ...

19-01-2022 12:38 
Charlie_41

Effectivement Bee Loo, mais je ne suis pas contre quelques liens clin d'oeil

19-01-2022 20:06 
L'iguane

Y en a certains, à les voir rouler, ils doivent probablement écouter Yves Duteil, Guy Béart ou Henri Dès...

19-01-2022 20:26 
Tagada_et_LongPif

Je suis d'accord avec Picabia : pas de musique à moto. Je ne sais pas si c'est une particularité, mais je n'ai jamais pu faire 2 choses à la fois, donc soit j'écoute la musique et je ne fais rien d'autre, soit je fais quelques chose et à la fin je ne sais même pas quelle musique jouait.

Autant en voiture on peut se mettre parfois en mode "autopilote" sans trop de conséquences, autant à moto ça me paraît risqué. Mais c'est vrai que se mettre un bon ZZ Top en cabriolet en roulant hypercool, y a rien de mieux !!

Les seules fois où j'écoute de la zique en 2-roues, c'est sur mon home trainer à vélo, pour m'éteindre le cerveau et me donner le rythme. Dans ce ce cas c'est plutôt du Metal que j'écoute (pas forcément heavy d'ailleurs)

19-01-2022 21:01 
Tortue Ninja

Une "BAR" sera toujours mieux insonorisée qu'une moto. Ne serais-ce que du fait qu'il s'agisse d'une "boîte"🤭. Un cabriolet, déjà moins. Sans même parler d'un vrai roadster...
Il n'y a pas de musique dans la Frogeye ni la Seven (elle n'a même pas de parebrise ni de portes...).

Il y a bien longtemps que j'ai abandonné toute tentative de musique à moto. De mon expérience, cela nécessite un niveau sonore tellement élevé pour avoir une qualité d'écoute minimale, que cela en devient impossible. Du moins en ce qui me concerne.

20-01-2022 11:02 
 

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