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Essai moto Yamaha XSR900 GP

Pas seulement pour les nostalgeeks

3 cylindres en ligne CP3 de 889 cm3, 119 ch et 93 Nm, suspensions KYB réglables, 200 kg, 13.499 euros

A 13 499 €, la très attendue XSR 900 GP, nouveauté 2024 majeure de Yamaha, franchit aussi bien un cap tarifaire qu’une étape dans la vie du modèle. Particulièrement originale, inspirée, elle propose tant aux nostalgiques qu’aux geeks une expérience à part, mais pas décalée pour autant. Alors, simple produit marketing ou véritable modèle en devenir, la GP ?

Elle semble en tout cas destinée à devenir un modèle diffusé de manière plus ou moins ambitieuse, mais toujours assez « confidentielle » au regard des chiffres de ventes des autres à moteur CP3 (Tracer et MT). Car oui, cette XSR900 GP a beau être une XSR (avez-vous croisé beaucoup de 900 post 2022 ?) et appartenir à la belle famille des « Faster Sons », elle découle déjà, comme vous le savez, du roadster phare de la marque. Rien d’étonnant, donc, à ce que logique de plateforme et norme Euro5+ obligent, elle en reprenne les évolutions moteur et équipements découverts fin février 2024 par Zef sur la MT-09 millésime 2024.

Essai moto Yamaha XSR900 GP
Essai moto Yamaha XSR900 GP

Découverte

Avouons-le, voir une bonne quarantaine des XSR900 GP coloris Legend Red alignées sur un parking ou une petite quinzaine rouler simultanément sur fond gris noir et pourtant lumineux de tempête météorologique, suscite déjà une émotion. Il faut dire que le modèle évocateur du glorieux passé de la marque et de ses pilotes en Grand Prix moto est relevé au niveau couleurs : un superbe blanc nacré et un orange flashy tranché par un jaune évocateur des plaques de numéro de course, ça vous émoustille la pupille. Ou ça vous fait fuir, auquel cas le bien plus discret Power Grey aura peut-être vos faveurs. Mais cette moto a-t-elle seulement vocation à être discrète ? Non. Et elle l’assume pleinement. Décomplexée du coloris, elle l’est aussi du look, résolument sportif et mêlant influence passée et modernité, avec une bulle racing des années 80, montée sur un demi-carénage tenu en place sur une araignée au style d’antan (en mieux fini) par de grandes goupilles reproduites à partir du modèle 250 TZR, des flancs de selle maintenus par des vis quart de tour, une superbe visserie originale et toujours cet arrière rondouillard façon dosseret, si clivant, mais aujourd’hui sublimé d’office par le capot de selle surlignant le feu arrière aussi discret qu’efficace.

Essai de la Yamaha XSR900 GP
Essai de la Yamaha XSR900 GP

Où que se porte le regard, il y a un détail stylistique, une évocation, un rappel et que l’on dispose ou non de la référence, on apprécie l’originalité et la qualité. Pour ce qui concerne le poste de conduite, seuls quelques cosses disgracieuses et un faisceau électrique au passage tendu surprennent, tout comme le raccord du cadre juste sous l’instrumentation, asymétrique et inutile dans cette version. Un détail, certes, mais qui surprend. Car oui, on peut parler au passé et dans la belle langue du GP, tout en restant moderne et quelque part anachronique. Ou même uchronique (réalité alternative). En tout cas, force est de constater que Yamaha a su réinventer de manière très pertinente la XSR 900, tout en conservant les bases d’un modèle bien né et affiché 11.595 €.

Le style rappelle celui des sportives des 80's
Le style rappelle celui des sportives des 80's

On retrouve donc l’ample moteur trois cylindres CP3 euro5+, affichant toujours 119 ch à 10 000 tr/min et un couple maximal de 93 Nm à 7 000 tr/min, lequel reprend toutes les caractéristiques de la version MT, y compris au niveau des rapports de boîte et du nombre de dents. Inséré dans une structure aluminium « Deltabox », apanage des Yamaha sportives et nom bien connu que l’on voit resurgir, celui-ci a été adapté à la nouvelle identité et la nouvelle répartition des masses de la XSR GP. Il est ainsi renforcé tout en adoptant pour la première fois chez Yamaha un arbre de direction en aluminium. Et ce n'est pas tout ce qui singularise la GP. Enfin, Yamaha vante les mérites de la centrale inertielle dérivée de celle de la R1, sa dernière hypersportive. Bien évidemment, la technique peut être similaire, le principe également, l'exploitation, elle, tout comme le matériel à disposition, n'est pas tout à fait commun, on s'en doute. Mais cela fait toujours bien dans un argumentaire.

Le moteur CP3 de la Yamaha XSR900 GP
Le moteur CP3 de la Yamaha XSR900 GP

En selle

835 mm de haut laissent les grandes jambes poser les pieds quasiment à plat au sol, tandis que la moto se montre assez étroite au niveau des jambes. Les pilotes d'1.70m ne poseront que les bouts des pieds, voire le bout d'un pied. Problème : le moteur impose son carter haut, saillant et ne laisse qu'un passage étroit pour le mollet droit, qui se retrouve écarté par la pédale de frein et en conflit avec le repose-pied. Bof.

La position de conduite, surplombante du fait d’une selle surélevée de 26 mm basculée sur l'avant, impose des appuis sur les poignets inclinés par les bracelets tombants, placés 93 mm (9,3 cm) plus loin et 113 mm (11,3 cm) plus bas que sur la XSR, ouverts juste ce qu'il faut pour être à l'aise dans les manœuvres, tandis que l'on avance naturellement le bassin contre le réservoir de 14 litres (la selle a été placée 1,2 cm plus en avant). Le réservoir, un élément à la forme très agréable, même si allongé et imposant de le recouvrir de l’ombre du buste est majoritairement métallique, tandis que seule sa partie avant est constituée d’un cache en carénage esthétique, reprenant les ouïes des modèles sportifs, mais ne parvenant pas à reproduire exactement la même couleur que le bidon. Dommage.

Le poste de conduite de la Yamaha XSR900 GP
Le poste de conduite de la Yamaha XSR900 GP

Sous les yeux, l'araignée, à la fois présente dans le champ de vision périphérique et discrète, crée une ambiance unique et évocatrice, libérant parfaitement la vision sur le compteur TFT de 5 pouces, là encore repris à la MT. Fidèle une fois encore à ce que l’on a découvert récemment sur la MT-09, il propose un fond blanc ou noir ou automatique (blanc de jour, noir de nuit) et deux présentations, dont une reprenant le compte-tours type analogique (à aiguille, donc). Sont affichés quoi qu’il advienne : l’indicateur de rapport engagé, le témoin de shifter indiquant si l’on peut monter ou descendre un rapport, l’heure, le mode moteur et bien entendu la vitesse, tandis que les informations de température moteur ou extérieure, de consommation, mais aussi de voyage (consommation instantanée, consommation moyenne, jauge à essence) sont modulables en temps réel dans l’un des trois "cadrants" retrouvés sous l’affichage principal.

Le compteur TFT de la Yamaha XSR900 GP
Le compteur TFT de la Yamaha XSR900 GP

Connectée à un smartphone et à l’application My Ride, l’instrumentation offre en sus et via un appui long sur le bouton « home » (ou par le menu et l’onglet applications) une petite fenêtre de navigation GPS fournie gratuitement (enfin !) par Garmin via son Street Cross. C’est petit, mais lisible et aisément pilotable depuis l’excellent commodo gauche de nouvelle génération. Dommage que Yamaha ait cru bon de sacrifier l’ergonomie du commutateur de clignotant en optant pour une forme mieux intégrée, mais réclamant beaucoup d’attention pour être manipulée correctement. Surtout lorsque l’arrêt automatique fonctionne de manière peu prévisible et que le clignotement bref bien vendu en conférence de presse n’est jamais trouvé dans le feu de l’action. Au moins, le reste est particulièrement agréable à manipuler et l'on alterne sans peine (mais gaz coupé et à l'arrêt principalement) aux modes moteur : 3 d'origine et 2 personnalisables sur les paramètres numériquement ou visuellement sur les paramètres de déclenchement des assistances. Modernité et tradition cohabitent harmonieusement, ne serait-ce les quelques détails visuels de finition déjà évoqués et aisément améliorables (faisceau et caches de cosses).

Les repose-pieds de la Yamaha XSR900 GP
Les repose-pieds de la Yamaha XSR900 GP

Les pieds trouvent eux aussi des platines reculées et surélevées de 29 mm par rapport à la XSR standard. Cependant, l’implantation des platines peut être moins extrême : elles proposent d’adopter celle de la XSR standard. La définition assez sportive lui sied bien, mais les muscles fragiles du cou trouveront sûrement à redire à la longue, tout sollicités qu'ils sont et le seront si vous décidez d’exploiter le plein potentiel de cette moto. Ainsi installé, on se croirait sur une VTR 1000 F ou une sportive de l’époque où elles ne vous mettaient pas encore les coudes sur les genoux.

En ville

Il règne une fermeté certaine à bord de cette 900 GP. Les suspensions comme l'amortisseur arrière font bien sentir que l'orientation de base de la moto est davantage la sportivité que le tourisme. Pour autant, la qualité des éléments est probante et l'on apprécie une hydraulique certes verrouillée de base, mais déléguant aux pneumatiques plus que capables la notion de confort. De fait, la fourche dissocie aussi l'amortissement à basse vitesse de celui à haute vitesse. Résultat ? On est à l'aise en agglomération lorsque l'on rencontre un dos d'âne, ralentisseur, coussin berlinois, mais aussi nid de poule, déformation du bitume et tout ce qui pourrait déstabiliser une sportive bien posée sur son train avant. Le rebond est bien maîtrisé, tandis que la géométrie et l'empattement permettent de rester précis et stable lors de la moindre manœuvre à allure lente. Le rayon de braquage, suffisant, demande juste à se méfier d'un engagement sensible de l'avant si l'on ne contraint pas suffisamment l'ensemble à l'aide du moteur.

Plus sportive, la XSR900 GP reste adaptée à différents usages
Plus sportive, la XSR900 GP reste adaptée à différents usages

Le CP3 se révèle d'une docilité appréciable quel que soit le mode de conduite choisi et le régime moteur, tandis que sa souplesse et la prestance de ses relances en font un régal exempt de reproche autre qu'un léger hoquet occasionnel en première entre le régime de ralenti et 2 500 tr/min, principalement à froid...

L'injection bien maîtrisée et des rapports de boîte bien choisis permettent d'évoluer à 45 km en sixième et de pouvoir reprendre sans claquement, cliquettement ni protestation. Finalement, seule la commande de clignotant frustre par son maniement peu agréable et à la forme discutable. Autre point gênant : la largeur de 810 mm annoncée par la moto ne tient pas compte de celle induite par les rétroviseurs façon oreilles de Mickey rendant le remonte file et l'évolution dans les environnements étriqués peu agréables : si ça touche, on valse. Idem à la poussette où l'on se coince le bras/la main entre le rétroviseur et l'araignée, réduisant la marge de manœuvre et le rayon de braquage. Sans parler du stationnement dans un espace confiné.

Essai de la Yamaha XSR900 GP sur le mouillé
Essai de la Yamaha XSR900 GP sur le mouillé

Sur la route

En l'occurrence, le meilleur des petites routes touristiques des alentours de Sintra, dont les châteaux semblent à peine pouvoir sortir d'une brume porteuse de pluie et annonciatrice du temps à venir. Là, ce ne sont pas les hauts régimes expressifs que l'on savoure, mais les intermédiaires, entre 4500 et 8000 tr/min, en allant chercher le couple maximal plutôt que la puissance. On se délecte des aspérités successives du comportement moteur, de l’énergie dégagée et de ce qui se produit à chaque graduation impaire du compte-tours. On entre dans une zone particulièrement plaisante mécaniquement, dans laquelle la sonorité de l'échappement stéréoscopique s'amplifie et résonne, rebondit à la moindre occasion contre un muret ou sur la route, lors de la moindre prise d'angle.

Précise, fluide, compétente et particulièrement rassurante, la XSR900 GP est également suffisamment incisive et vive pour s’engager avec zèle dans les courbes les plus serrées. Voici ce qui ressort dans le sinueux, alors que l'on dessine de belles trajectoires sur un filet de gaz, voici ce que l'on se dit après avoir vissé la poignée en sortie de courbe sans que l'amortisseur, les pneus et surtout les assistances ne pipent mot.

La Yamaha XSR900 GP en courbe
La Yamaha XSR900 GP en courbe

Cette rigueur propre au XSR est renforcée par un avant plaqué au sol et les appuis sur les bracelets sans que l'avant ne devienne lourd à basse vitesse ou dans l'ultra sinueux. Assistance au minimum, on profite d’une traction optimale même si l’anti patinage intervient encore trop préventivement. On le désactive volontiers, quand bien même la manipulation pour ce faire est laborieuse (Menu, sous-menu, sous sous-menu et action avant de refaire le chemin inverse...), là où l’on aurait aimé n’avoir qu’une pression à effectuer pour s’en défaire. Au moins, le contrôle de cabrage est précis et bien calibré, quand bien même lever la roue avant à la seule puissance ne se fait pas si facilement du fait de l’empattement long, tandis que l’on apprécie le contrôle de glisse de la roue arrière plus ou moins libre. Par contre, il faut en mettre gros pour que le S23 ait envie de laisser faire…

Sur le mouillé, en revanche, on prend la pleine mesure de la qualité de l’électronique et de sa gestion des cas critiques. La coupure de l’accélération est optimale et le temps de reprise court, tandis que la centrale inertielle joue bien son rôle en réduisant l’arrivée de la puissance tant que la moto n’est pas droite. De même, le mode moteur pluie est particulièrement contraignant pour l’accélération, qu’il adoucit sauvagement, faisant préférer les modes Street ou Sport, certes plus vifs, mais d’autant plus aisés à maîtriser que les pneus font bonne figure sur le mouillé et que l’entrée en action des contrôles divers est progressive : il se manifeste par un témoin bleu sur l’instrumentation. Rapidement, on se met à rouler sans arrière-pensée sur un enrobé pourtant trempé. Mission accomplie, donc, pour ce qui est de rassurer et d’assurer.

La Yamaha XSR900 GP sur les petites routes
La Yamaha XSR900 GP sur les petites routes

Autoroute

Vous voyez, Yamaha, que vous pouvez faire de l'aéro ! Peut on attendre d'une bulle racing, qui plus est à l'ancienne, qu'elle protège correctement ? Pas de revers supérieur ni de galbe, pas de réglage, un élément stylistique pur qui fait pourtant effet et épargne de la pression et de la moindre turbulence, tout en créant un "plateau" d'air supportant le casque et tombant à l'aplomb des épaules et du cou. Surtout, on profite de la protection apportée par les d'électeurs latéraux particulièrement efficaces pour ménager un cône d'air épargnant au passage les mains et les bras. Il est possible que cela officie aussi en cas de pluie. Ils avaient de l'idée, en Grand Prix moto. Et de la bonne. Même les routières peinent à offrir une sensation de mise à l’abri aussi intéressante. C'est très curieux, comme protection, mais agréable. Ne serait-ce le cou sollicité par la position de conduite que l'on se verrait bien filer à bonne allure, régulateur de vitesse engagé à 140 et vidant le réservoir en un peu plus de 200 kilomètres. Quitte à faire un plat sur un pneu sport, autant le faire avec panache !

La Yamaha XSR900 GP à haute vitesse
La Yamaha XSR900 GP à haute vitesse

Un sabot/bas de carénage peut aussi bien agrémenter la ligne que compléter la protection, mais il est compact et surtout facturé près de 600 €. Le principal facteur limitant en solo sera la selle, plutôt raide et de forme pouvant lasser le fessier au bout d’une vingtaine de kilomètres. Le second dépendra de votre endurance au niveau des poignets : les vibrations à 7 000 tr/min sont très importantes dans les bracelets ; lesquels fatiguent les bras.

Freinage

Les étriers de frein avant, exclusifs à Yamaha, reprennent le design latéral traditionnel de la marque et constituent la marque de fabrique historique du freinage maison. Compacts, ils semblent légers et sont à fixation radiale. On reconnaît une qualité de fabrication certaine, tandis qu’ils sont commandés par un maître-cylindre Brembo PR16 également radial et au levier réglable en écartement. Une référence bien connue dans le domaine de la piste, mais généralement implantée sur des cylindrées inférieures sur lesquelles il constitue une entrée de gamme sportive. Le PR19 à 21 ou encore les éléments MCS sont ainsi devenus une norme sur pas mal de modèles, notamment Triumph, tout comme les étriers Stylema, qui replacent avantageusement les M40 ou autres. L’attaque des éléments Yam est cela dit immédiate, les réactions précises et la remontée d’informations dans le levier agréable. L’entrée en action de l’ABS est même totalement transparente. Un fait suffisamment rare pour être noté et surtout quelque chose de particulièrement efficace et agréable.

Le frein avant de la Yamaha XSR900 GP
Le frein avant de la Yamaha XSR900 GP

Yamaha a donc choisi de maîtriser les coûts. Qu’en est-il niveau efficacité ? Elle est au rendez-vous ! L’ABS, non réglable, mais actif sur l’angle, n’est par contre pas déconnectable. Ce n’est jamais dérangeant pour l’avant, mais l’arrière manque de finesse. L’attaque est immédiate, tout comme le blocage et l’entrée en action de l’ABS. En action solo, on s’y attend donc, mais en combinant les deux, notamment sur un passage humide, cela devient nettement moins agréable et perturbe les entrées en courbe enroulées et la stabilisation de la moto. Dommage, le sans-faute est proche !

Partie cycle

Les suspensions KYB, apparemment haut de gamme, surprennent par leur efficacité et leur pertinence : elles transcendent la partie cycle de la XSR, déjà fort bonne et particulièrement efficace. Certes, la finition bronze très « peinte » des bouchons de fourche n’est pas des plus heureuse, mais pour le reste, on profite de caractéristiques intéressantes. Reste à se méfier du réglage d’origine, qui se prête mal aux petites routes défoncées, comme en témoigne cette arrivée optimiste et véloce (mais envisageable) sur un virage à droite en léger dévers, alors que des racines ont successivement soulevé le bitume. De fait, même avec un réglage de compression à haute vitesse, on se fait vertement secouer (dommage sur une « bleue «), on décale le freinage, mais ça passe. On dirait que chez Yamaha, on ne connaît pas la demi-mesure. Il va donc falloir chercher les bons réglages pour optimiser la suspension. Et surtout savoir ce que l’on fait, avec un matériel assez complexe. Au moins, le mono amortisseur a le bon goût de déporter la molette de réglage de la précontrainte et de la rendre plutôt accessible, même si masquée et inexploitable en roulant.

La fourche de la Yamaha XSR900 GP
La fourche de la Yamaha XSR900 GP

Comme ses sœurs de gamme, la XSR900 GP profite des jantes en aluminium forgées et allégées, qui favorisent en théorie les entrées en courbe et la maniabilité. C’est une fois encore vérifié et surtout validé. Le train avant demande à ce que l’on soit zen sur les appuis, mais il est prévisible et fiable, donnant au passage un excellent retour d’informations. Une fois encore, les S23 ne sont pas étrangers à la qualité du comportement de la néo-sportive.

Malmené, chahuté, le cadre se comporte de manière optimale, tandis que l’on apprécie qu’il ne soit pas trop rigide et offre de nombreuses possibilités de style de conduite. Sensible au placement du corps et plus encore à celui des coudes, la partie cycle apporte un potentiel sportif, certes, mais reste exploitable au quotidien et sur route : il n’est pas nécessaire de déhancher pour en tirer le meilleur : l’esprit roadster est toujours présent malgré l’absence de guidon.

L'amortisseur central de la Yamaha XSR900 GP
L'amortisseur central de la Yamaha XSR900 GP

Confort/duo

Le capot de selle, vissé sur l’assise, m’a logiquement empêché de tester la place passager. Identique à celle de la XSR900 classique, elle propose toujours les esthétiques repose-pieds escamotables (façon kick), mais pas de quoi s’accrocher réellement de manière sereine et suffisante en cas de conduite musclée. De plus, la posture imposée par la position de conduite plus recourbée côté pilote n’est pas excessive, mais elle demande quelques concessions lorsqu’il est question d’aller poser les mains sur le réservoir. Pas sûr, donc, que la XS 900 GP soit le meilleur choix pour rouler à deux, malgré – une fois encore - la possibilité de rapidement régler la précharge.

La selle de la Yamaha XSR900 GP
La selle de la Yamaha XSR900 GP

Consommation

Maîtrisée. Voici ce que l’on peut dire de la consommation de la XSR900 GP. Avec un rythme élevé et sans la ménager, mais en enroulant régulièrement comme elle permet de le faire de manière si agréable et si naturelle, on est aux alentours de 6 l/100 km. Une fois encore et après la MV Agusta Enduro Veloce, le trois cylindres démontre qu’il sait se faire économique. Certes, on est au-dessus, en situation réelle, des 5l/100 km annoncés dans un premier temps par Yamaha, mais d’une part on ne dépasse pas le 7 l/100 km ce qui permet d’envisager plus de 200 km avec un plein de 14 litres et d’autre part, on est en mesure de surveiller la consommation moyenne et instantanée depuis l’instrumentation, histoire de la maintenir si on le souhaite dans une zone acceptable.

Le trois cylindres englouti environ 6 litres aux 100 km
Le trois cylindres englouti environ 6 litres aux 100 km

L'essai vidéo

Conclusion

Il y a du beau, il y a du bien, il y a du bon sur cette XSR900 GP. Surtout, il y a un tarif de 13 499 € particulièrement placé et une prestation à la hauteur des ambitions du modèle et de la marque. Que l'on soit amateur ou non du look rétroïsant, la peinture en 5 couches avec opérations manuelles de démasquage, fait son petit effet malgré quelques soucis de raccord entre métal et plastique. La finition léchée que seuls quelques petits détails perturbent, donne l'impression de disposer d'un modèle cousu main par un artisan doué d'un sens esthétique prononcé, mais aussi d'un sens pratique : rien n'est oublié pour une utilisation moderne, pas même la connectivité d'une instrumentation agréable et permettant d'exploiter au mieux une électronique présente sur la fiche technique, mais discrète si on le souhaite et dont on peut largement se passer devant la qualité de la partie cycle, des pneumatiques et de la gestion électronique des gaz. Dommage dès lors que l'on ne puisse passer d'office un mode de comportement "Rétro", sans aucune assistance ni même ABS, histoire de se replonger pleinement dans la maîtrise totale et complète de sa moto, de basculer librement dans un pilotage léché de puriste tel que possible par le passé. Pas besoin d'être nostalgique cela dit pour apprécier les grandes qualités de cette moto, ni d'être un geek : elle se savoure telle qu'elle, au quotidien comme lors de périples endiablés. Surtout, son moteur trois cylindres CP3 trouve là un bel écrin et un bel équilibre tout en offrant une prestation à la hauteur de la puissance encore raisonnable mais démonstrative, entièrement mise à disposition et pleinement exploitable. Aucune fausse note, donc pour cette XSR900 GP, pas si rationnelle, qui flirte avec le passé mais ne badine pas avec le sérieux ni la rigueur. La prestation dynamique particulièrement homogène fait de cette moto un modèle original et redoutable dont quelques détails pardonnables et pouvant devenir attachants constituent un relief indispensable pour les puristes en mal de "sportive" exploitable et culottée. Cette nouveauté est en tout cas la meilleure des déclinaisons de la plateforme MT, dont elle démontre le plein potentiel. En attendant une éventuelle R9 ?

Les Yamaha XSR900 GP 2024
Les Yamaha XSR900 GP 2024

Points forts

  • Efficacité redoutable
  • Moteur enjoué et bien géré électroniquement
  • Frein avant agréable et performant
  • Niveau de protection du demi-carénage
  • Design à part !

Points faibles

  • Frein arrière intrusif (ABS)
  • Encombrement du carter droit
  • Amortissement ferme d'origine
  • Quelques détails de finition

La fiche technique de la Yamaha XSR900 GP

Conditions d’essais

  • Itinéraire : -
  • Kilométrage de la moto : - km
  • Problème rencontré : ras

Commentaires

Picabia

Moi cette moto elle me botte sur le plan esthétique et je sais que jamais je ne l'achèterai.
Elle doit être agréable à piloter à son guidon et je ne dis pas que je ne craquerai pas un jour juste pour frimer.
Ça fait quand même du bien de frimer de temps à autre.

03-05-2024 12:19 
kick47

Très jolie dans cette livrée qui rappelle immanquablement celle de Eddie Lawson sur sa Yamaha dans les années 80.

03-05-2024 12:47 
Meuldor

J’adore. C’est celle qui m’attire le plus dans la production actuelle.

03-05-2024 13:11 
Meuldor

Avec un compteur aiguille on y était

03-05-2024 13:18 
tom4

pu###n, elle est superbe en rouge et blanc

tom4

03-05-2024 14:17 
vaidd

Par contre Yamaha ne sait décidément plus faire de jolis phares avant.

03-05-2024 14:25 
Zezelle

Elle est vraiment très très belle cette bécane. Je trouve que le phare s’intègre plutôt bien au carénage personnellement.

03-05-2024 14:45 
inextenza

Ca fait du bien de voir ce genre de "hors série" sur le marché!
Trop cher pour moi (mais pas dans l'absolu) pour envisager un remplacement; si elle était sortie 3 ans avant, c'est sûr qu'elle aurait été dans l'équation quand je me suis rééquipé. Probablement même dans mon garage à la place de l'Aprilia?
Juste à voir sa capacité à être équipée par exemple d'une selle plus confortable, et pour moi un réservoir de 14 litres est vraiment trop petit, surtout sur une (presque) 900. C'est sur le papier son plus gros défaut!

De fait, qu'attendre d'une hypothétique R9 après ça? C'est une supersport visiblement très bien suspendue et bien freinée, donc tout à fait à sa place dans les mains d'un amateur de journées sur circuit, non? Est-ce bien utile d'en faire une déclinaison plus radicale alors que le CP3 ne sera à priori jamais une base aussi performant qu'une R6 "née pour ça" ?


("on se fait vertement secouer (dommage sur une « bleue «)" qui en plus est rouge comme un paysan bronzé dingue)

03-05-2024 15:08 
inextenza

Citation
vaidd
Par contre Yamaha ne sait décidément plus faire de jolis phares avant.

J'attends de la voir en vrai. La première fois qu'on l'a vu en photo, nous avions été nombreux à faire de gros yeux parce que pour le coup, c'est original, unique même.
Finalement, le premier étonnement passé, je trouve que c'est un choix particulièrement bien pensé sourire

Juste, pour rappeler je ne sais plus quel topic récent, il faudra s'assurer que ça eclaire bien de nuit, y compris sur les courbes, car là, la surface de projection n'est quand même pas bien grande. Les LEDs peuvent faire des miracles, espérons-le!

03-05-2024 15:13 
Meuldor

La phare on dirait la bouche d’Iron man. Et je ne suis pas sous psychotropes.

03-05-2024 15:23 
Técé

Ou, dans un style proche, un kit velocity motos pour xsr 900.

03-05-2024 15:23 
Virgil

Perso, et je vois bien que je suis le seul, je trouve que tout ça respire le mauvais goût et lui donne un côté jouet. Pas fan du tout.

03-05-2024 15:45 
inextenza

Virgil, justement, ce n'est pas un gros jouet pour grand enfant? ange


@Damien question/point de vigilance: tu parles de connectivité avec la cartographie Garmin. Combien de temps dure la gratuité?
Les constructeurs e gardent bien de le mentionner! Honda autos (Garmin) c'est 5 ans, et le groupe Piaggio, en tout cas le module MIA de Aprilia (carto Here) c'est 3 ans.
Les prix sont très raisonnables (30¤ pour 3 ans chez Aprilia) mais c'est une bien mauvaise surprise.

03-05-2024 18:12 
Sylar

Voilà l’essai que j’attendais.
Il me fait dire qu’elle n’est pas adaptée à mon utilisation quasi quotidienne mais que c'est celle que j’aimerais avoir.
Avec le bas de carénage elle est vraiment chouette.
Les critères objectifs ( largeur du guidon, position bien en appui sur les poignets, réservoir de 14l avec Conso à 6l….) ne l’emportent pas sur l’émotion.
Réflexion à venir

03-05-2024 21:41 
elbowz

Sympa ce test !
Pas fan du tout du phare avant, et en plus vu sa taille, est-il réellement efficace ?
Pareil les petits rétroviseurs en bouts de guidons, ça gâche le côté ancien, même si pas facile à loger ailleurs, dommage que ce soit obligatoire ;)

Petit point ou je suis en désaccord : le PR16 d’origine sera très probablement largement suffisant. Effectivement les Triumph sont équipées de 19 et même 21, mais franchement je pense que c’est déjà surdimensionné pour la très grande majorité des utilisateurs.
Le PR16 a été monté d’origine sur les R1 de 2004 à 2008, et sur les R6 à partir de 2006. Croyez moi sur parole, ça freine très fort, pas forcément besoin de passer sur du 19.

Inextenza, à priori Yamaha aurait l’intention d’engager en SSP son moteur 3 cylindres, d’où la logique de créer une nouvelle déclinaison R9.
Et puis une (vraie) sportive 3 pattes, c’est un projet intéressant je trouve, même sur route c’est plus pertinent qu’un 4 cylindre 600cm3.

04-05-2024 08:02 
Goupil62

Jolie moto hormis (parce qu'il y a toujours un hormis) un petit réservoir, un phare avant "abomiffreux" (contraction d'abominable & affreux) & le compteur !

Le style aurait été magnifique avec des cadrans à aiguilles (style Kawasaki 900 RS) & deux phares ronds rappelant la GEX des années quatre-vingts !

04-05-2024 08:49 
Poireau

Les premières MT 09 millésime 2024 arrivent chez les concessionnaires comme bécane de démo.

Espérons que cette GP soit aussi à l'essai.

04-05-2024 09:17 
Godzilla

Citation
Meuldor
Avec un compteur aiguille on y était


Oui.
Et je me demande encore pourquoi dans ces écrans modernes il est impossible d'y coller une option "compteurs à aiguilles".

Certaines montres connectées proposent d'avoir un joli écran avec aiguilles, ça ne doit pas coûter bien cher de proposer une possibilité d'avoir sur son écran deux cadrans ronds avec des aiguilles dedans.

04-05-2024 10:39 
Meuldor

Ouais mais moi c’est la forme de ces écrans que je trouve moche. Une tablette collée au dessus du guidon beurk. Et encore quand il y a une bulle qui cache un peu mais même. Jusqu’ici je roule avec des mamies donc j’ai encore des aiguilles, des vraies. Je serai même prêt à payer un peu plus cher pour une option compteur à l’ancienne.

04-05-2024 11:01 
coxecab

Parfaite .. pour les vieux nostalgiques de la marque.. et pour les autres … je me demande !

04-05-2024 12:12 
adrien.marchetti

Merci à Yamaha pour ce superbe jouet qui mélange à merveille look ancien et technologie moderne. J'aime bien le phare discret.

04-05-2024 14:08 
aximum

J'aime pas trop la couleur après j'arrive pas à me faire une idée à cause de ça

04-05-2024 14:35 
Reset

L'avant passe encore mais alors cette boucle arrière est probablement la plus laide de toute la production moderne et pourtant, il y a de la concurrence...

05-05-2024 12:16 
cologny

Pareil pour la boucle arrière que je trouve loupée.
Ils ont sans doute dû composer avec le cadre de la Mt09 qui doit avoir une boucle arrière qui remonte beaucoup (trop..)

05-05-2024 16:04 
Poireau

Je crois que la boucle arrière est spécifique à ce modèle, celle de la MT 09 est différente : les tubes ne sont pas ronds comme celle-ci, entre autre...

05-05-2024 17:21 
xjrlaser001

Jolie moto, reste à voir qui va l'acheter, quand même ceux à qui elle plait disent qu'ils ne l'achèteront pas....

06-05-2024 20:01 
inextenza

Pour l'esthétique, les gars, je pense qu'il est urgent d'attendre de la voir en vrai. Les photos ont une subjectivité qui n'est pas toujours facile de faire pour rendre au mieux la réalité.

Quant au bloc LCD: bah entre les fonctions notamment de guidage décrit dans le test, les attentes d'une majorité de clients, et une économie d'échelle (un écran LCD déjà vu sur d'autres motos aujourd'hui ce n'est pas cher à faire, sûrement moins qu'un combiné à aiguilles)

Citation
elbowz
Inextenza, à priori Yamaha aurait l’intention d’engager en SSP son moteur 3 cylindres, d’où la logique de créer une nouvelle déclinaison R9.
Et puis une (vraie) sportive 3 pattes, c’est un projet intéressant je trouve, même sur route c’est plus pertinent qu’un 4 cylindre 600cm3.

Pour le PR16 je suis assez d'accord avec toi, sauf qu'il faut voir un système de freinage dans son ensemble. Un PR16 avec des étriers/pistons/plaquettes trop petits, ça ne donnera rien. Ou si Yamaha n'a pas mis des Durit "Avia" d'origine (ce qui serait particulièrement idiot et pingre).
Je crois que sur la RS660 j'ai d'origine du PR16 + M4.32: bah franchement, vouloir plus c'est vouloir se faire peur/mal surtout à basse vitesse sourire

Pour la R9, ton passage cité: heuuu tu sais, la logique des commerciaux, parfois...
Genre: on en parle de Triumph qui fait les moteurs de toutes les Moto2 et qui n'a rien de plus sportif (avec des bracelets et du plastique) qu'une Trident Sprint dans son catalogue (et une 1200 Dayto qui n'en porte pas le nom)? dingue

(pour le 3 pattes sportif, tu prêches un convaincu. Si j'avais eu un concess pas abruti au dernier niveau et probablement les finances pour l'assumer, j'aurais pu avoir un gros coup de chaud et opter pour une F3 800 quand j'ai cherché ma nouvelle moto)

07-05-2024 01:42 
elbowz

Inextenza,

Franchement je pense que le freinage dans son ensemble suffira pour la plupart des gens. La r7 est par exemple équipée des étriers des r1/r6, alors si c'est le cas pour cette xsr900, ça devrait freiner convenablement.

Effectivement les durites "avia" seraient un plus, mais je mepose toujours la question, sur route, combien se sont réellement retrouvés à pomper car les durites d'origine étaient dilatées ?
Ca m'est arrivé sur une ancienne moto, et franchement pour en arriver la j'avais fait le gros débile. En plus les durites modernes sont plus efficaces qu'il y a 21 ans (âge de la moto avec laquelle je me suis retrouvé avec un levier d'embrayage de chaque côté du guidon )

La f3 800 ? c'est pas la moto que t'achètes seulement quand tu as un doctorat en électricité ?dingue

07-05-2024 08:41 
JCF69

Belle de loin, mais loin d'être belle.
Le mini phare est vilain, les rétros en bout de guidon sont complètement anachroniques (et inappropriés), l'arrière est hideux avec le mini feu planqué sous la selle et le monstrueux prolongateur de garde-boue / support de plaque et des clignotants ! En fait en dehors de la forme générale du carénage il n'y a que le compteur qui vaut la peine.
J'ai beau être un adorateur des triples depuis les premières trident jamais je ne pourrai monter sur un truc aussi vilain !

Les kits british de [velocity-moto.com] sont tellement plus réussis ...

09-05-2024 10:17 
inextenza

C'est vrai qu'ils ont l'air magnifique ces kits! Une idée du prix?

09-05-2024 11:42 
Godzilla

Etait-il nécessaire de lui faire une selle aussi haute? triste
Parce que sinon elle aurait pu finir dans mon garage.

Mais là pour moi cette hauteur de selle la cantonnerait à un usage loisir/promenade/beau temps, alors non.

09-05-2024 22:01 
inextenza

Il y aura sûrement des kits de rabaissement clin d'oeil

11-05-2024 14:42 
fift

Ou en creusant la selle ? dingue

12-05-2024 21:23 
 

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